Aux prémices de la conception de ce projet, mes idées de mise en œuvre étaient claires, je n’attendais plus qu’à recevoir les propositions. Je savais ce que je voulais faire.
Tout a été remis en question lorsque j’ai commencé à recevoir un, puis deux, puis trois mots qui ressemblaient autant à des mots graphés. C’est toute la beauté de demander la collaboration et de recevoir les interprétations de chacune des participantes. Tout est ébranlé, rien n’est jamais écrit par avance, rien n'est préconçu. Ces mots ont remis à ma plat ma réflexion initiale. Comment les intégrer et servir le but premier de cette série ?
Aujourd’hui, l’art ne se contente plus de se figer dans les musées, et d’attendre que des amateur.e.s averti.e.s viennent visiter ses couloirs et galeries. Les murs des musées, fermés, n’ont plus assez de portée. L’art sort des espaces clos et s’invite sur les murs, pour la grande visibilité qu’ils offrent. Le groupe des colleuxses[1] nous le prouve à chaque événement : les murs sont une manière formidable, accessible, de faire savoir, faire entendre, de porter la révolte. Les murs réels partagent désormais l’affiche avec les murs virtuels des réseaux sociaux qui permettent de dénoncer, d’afficher des convictions.
Inspiration - Création
En passant devant ce mur, comme tous les jours ou presque depuis 6 ans, j’ai
pensé qu’il serait le lieu d’exposition parfait pour tous ces [sɛ̃]*. Comme une défiance
à l’interdiction d’afficher, les [sɛ̃]* se montrent fièrement. Le mur montre en grand, en version monumental !
Oui, ces [sɛ̃]* sont donc placardés sur les murs, il faut qu’ils soient bien visibles.
On écrit sur les murs de la ville, des réseaux sociaux. Partout des [sɛ̃], mais pas
un seul téton pour ne pas nous taxer d'exhibition.
*retranscription phonétique des cinq homonymes. Se dit "sein".
[1] Le collectif s’est donné ce nom avec cette orthographe précise par souhait d’inclusion.
Retrouvez la présentation générale de la série ici